10.09.2020 - 17.10.2020
JOSEF ALBERS
WALRUS

EN

In 1959, Charles E. Murphy, the artistic director of Command Records, asked Josef Albers (1888 – 1976) to produce a drawing for the sleeve notes of the first record released on the label, ‘Persuasive Percussion’. It was the start of a collaboration that lasted until 1961, during which time Albers produced a total of seven drawings. Characterised by their simple style, they have remained resolutely modern and graphic.

Command Records was founded by Enoch Light, a classical violinist and conductor who was particularly fascinated by sound and recordings. Julie Light, his daughter, along with Charles Murphy, the label’s artistic director, had both studied at Black Mountain College where they had been taught by Josef Albers.

Albers was one of the most important artists and teachers of the 20th century. He was born in the industrial Ruhr Valley in north-eastern Germany, and was trained at Bauhaus, where he later became a teacher. This legendary teaching institution transformed art and design by drawing links between artists from various disciplines. Its revolutionary pedagogical philosophy was radical for its time, embracing the ideas of modernism. It recommended a return to basics, to simple materials and to the basic rules of design.
In 1933 Albers was one of the faculty members who decided to close the school rather than comply with the Nazi regime’s restrictions on artistic production.

In the same year, Josef and his wife Anni were invited to direct the painting programme at the recently founded Black Mountain College in North Carolina. From 1933 to 1957 this free, experimental university was a hub of creativity in the United States, much as Bauhaus had been in Germany. John Cage, Merce Cunningham, Willem De Kooning, Walter Gropius and many others taught there. Robert Rauschenberg, Arthur Penn, Cy Twombly were among its students.

Squares, circles (uncommon in Albers’ work) and visual interactions seem to describe the precision, the subtlety and the nuance of Command recordings. The label was known for the quality of its ‘ping pong’ stereophonic effects, which made use of the right-left channels made possible by recent developments in amplification equipment. Albers’ drawing is a visual metaphor of the instruments’ tempos and rhythms. It is more complex than it would suggest, inviting us to perceive according to the relationship between what we see and what our brain judges to be true at a given moment.

Walrus (Michiel Claus, 1987) is a DJ, producer and music archaeologist with a passion for 90s dance music. Having studied jazz percussion at La Haye Royal Conservatory, he now unearths unreleased tracks and creates an unexpected future for them, ‘breathing new life into disregarded things’ by releasing forgotten tracks on vinyl through his Basic Moves label.

For this show, CCINQ asked Walrus to create a performance based on the modern gestures Albers produced sixty years earlier, gestures that transcribed percussions and melodies into shapes and patterns.

Over three days, Walrus will experiment with the possibilities offered by the ARP2600 synthesiser (an American instrument he has never played before) and will imagine a sound drawing, freely inspired by Albers’ squares and grid points. Each evening, Walrus will present a different performance, in which art will be transformed by the links between artists.

Through his research, Walrus will capture different ambiances, sequences and sounds, which will be uploaded to the internet in the form of open source samples, available on the CCINQ website.

After these three evening performances, the ‘3 pieces for synthesiser (black, white, blue)’ will be exhibited until 17th October via a sound device on our premises. In the absence of the makers, this device will emphasise the ephemeral nature of music production and recall the key role played by club culture in contemporary creation. Following on from our previous exhibition, we wanted to express solidarity with a sector that has faced significant difficulties this year.


Patrick Carpentier

FR

En 1959 Charles E. Murphy directeur artistique de Command Records, s’adresse à Josef Albers (1888 - 1976) afin qu’il réalise un dessin qui servira de pochette au premier enregistrement du label « Persuasive Percussion ». Ce sera le début d’une collaboration qui durera jusqu’en 1961 au cours de laquelle Albers signera au total sept dessins. Ceux-ci, d’une facture minimale et graphiques, restent résolument modernes.

Command Records fut fondé par Enoch Light, violoniste classique, chef d’orchestre mais surtout passionné de sons et d’enregistrements. Julie Light sa fille, ainsi que Charles Murphy directeur artistique du label, avaient tout deux été étudiants au Black Mountain College et avaient eu Josef Albers comme professeur durant leurs études.

Albers est l'un des artistes et enseignants les plus importants du xxe siècle. Né dans la région industrielle de la Ruhr, dans le nord-ouest de l’Allemagne, Albers sera formé au Bauhaus où il devient professeur. Cette institution d'enseignement légendaire a transformé l'art et le design en se concentrant sur les liens entre artistes de différentes pratiques. La philosophie pédagogique révolutionnaire et radicale pour son époque, embrassait les idées du modernisme. Elle préconisait un retour aux fondamentaux, aux matériaux simples et aux règles de base du design.
En 1933 Albers est parmi les membres du corps professoral qui décident de fermer l'école plutôt que de se conformer aux restrictions du régime nazi sur la production artistique.

La même année, Josef et sa femme Anni ont été invités à diriger le programme de peinture du tout nouveau Black Mountain College en Caroline du Nord. De 1933 à 1957 cette université libre et expérimentale fut un foyer de créativité aux États-Unis comme l’était le Bauhaus en Allemagne. John Cage, Merce Cunningham, Willem De Kooning, Walter Gropius et d’autres y furent professeurs. Robert Rauschenberg, Arthur Penn, Cy Twombly, ... y furent étudiants.

Carrés, cercles (très rares dans la production de Albers) et interactions visuelles semblent nous décrire la précision, la subtilité et la nuance des enregistrements de Command. Le label est réputé pour la qualité des effets stéréophoniques en « ping-pong » tirant parti de la canalisation droite-gauche rendue possible grâce au nouveaux équipements d’amplification sonore de l’époque. Le dessin d’Albers est une métaphore visuelle des tempos et des rythmes des instruments. Plus complexe qu’il ne le suggère, il nous invite à une perception dépendante d’une relation entre ce que nous voyons et ce que notre cerveau juge vrai à un moment donné.

Walrus (Michiel Claus, 1987), dj et producteur, est un archéologue de la musique, passionné par la Dance des années 90. Licencié en percussions jazz du Conservatoire royal de La Haye, il exhume du passé des titres (jamais publiés) et leur invente un futur inespéré, il « insuffle une nouvelle vie à l’oubli » en réalisant des sorties vinyles de ces titres perdus de vue, sur son label Basic Moves.

Pour cette édition CCINQ propose à Walrus de créer une performance à partir du geste de modernité réalisé soixante années auparavant par Albers, ce geste de transcription percussif et mélodique en formes et paternes.

Durant trois jours, Walrus expérimentera les possibilités qu’offre le synthétiseur ARP2600 (instrument américain avec lequel il n’a jamais joué) et imaginera un dessin sonore influencé librement par les carrés et grilles de points d’Albers. Chaque soir Walrus présentera une performance différente, dans laquelle il sera question de transformer l’art par les liens entre artistes. Au cours de ses recherches Walrus capturera différentes ambiances, séquences et sons qui seront mis en ligne sous forme d'échantillons open source, disponibles sur le site du CCINQ.

Après ces trois soirées de performances les « 3 pièces pour synthétiseur (noir, blanc, bleus) » seront présentées jusqu’au 17 octobre par un dispositif sonore installé dans notre lieu. En l’absence des protagonistes, ce dispositif souligne l’évanescence de la production musicale et rappelle le rôle important de la club culture dans la création contemporaine. Dans la continuité de notre exposition précédente nous souhaitons par là témoigner de notre solidarité face aux nombreuses difficultés que le secteur rencontre cette année.


Patrick Carpentier